Silvia MONTEVECCHI  

 

       LA BAGARRE A ECLATE' 

       DANS L'ARCHE DE NOE' !

 

 

Il y a eu un jour, oh, ça fait bien des années, tous les journaux annoncèrent une nouvelle vraiment formidable, incroyable :  les animaux de l’arche de Noé , qui flottaient dans l’océan pour ce sauver tous ensemble des ouragans et des vents affreux, fatigués de rester tellement serrés (et bruyants) dans leur caravelle, avaient commencé à ... SE BAGARRER ! ! !

L’un disait à l’autre de se déplacer, l’autre reprochait à son voisin de bouger tout le temps ; l’un ne fermait jamais la bouche, l’autre ne l’ouvrait jamais.

L’un était énorme et prenait trop d’espace, l’autre était trop petit et risquait d’être écrasé, et cela tapait sur les nerfs à tout le monde.

Les oiseaux reprochaient aux quatre-pattes de ne pas savoir voler et donc d’être trop lents et encombrants. Les quattre-pattes répondaient  que voler c’était une belle avantage : si quelque chose n’allait pas, ils pouvaient s’échapper tout de suite, en haut, ce qui était bien une “ lâcheté ”.

Mais ils reprochaient aussi aux singes de trop bouger, de leur faire attraper  la migraine à cause de cette maudite habitude  de se promener sans cesse sur les bords du navire. Les singes gueulaient que tout ça c’était la jalousie pour leur agilité.

D’autre coté les singes aussi jalousaient l’agilité des autres animaux : les sauts des kangourous et la nage des poisson. C’est pourquoi ils étaient gênés par les grands bassins d’eau que père Noé avait placé dans l’arche : ils frissonnaient à l’idée d’y pouvoir chuter.  Les amphibies eux, pauvres gens, gênaient tout le monde. “ Ils ne se décidaient jamais ! ”. Ils se promenaient tantôt dans l’eau, tantôt au dehors, occupant la place des poissons et celle des terrestres, enfin se bagarrant  avec tout le monde !

Les animaux les plus petits... hélas, toujours aux genoux face aux autres, les GRANDS ! Si la petite araignée travaillait pour tisser sa toile, voici qu’à un certain moment arrivait un gros éléphant à tout déranger pour faire sa sieste ; si les coraux suaient des jours et des jours pour se mettre ensemble et fabriquer un tas des jolis rameaux, voici la patte d’une baleine qui, mine de rien, balayait  tout, et les voilà obligés à tout recommencer !

Les vermisseaux et les fourmis, s’il ne prenait pas garde au dessus de leur tête, risquaient de finir sous les sabots des poulets, des chats, des gazelles, des chamois,  des hippopotames ! ! !

A propos des chamois : il y avait des animaux aux cornes tellement exagérés qu’un jour ils s’étaient trouvés tous noues ensemble et ils n’arrivaient plus à se libérer : buffles, taureaux, rennes, chèvres, bisons, daims,  un vrai désastre ! !

Bref, après quelques temps de cette galère, avec les vagues qui faisaient bondir la pauvre arche dessus dessous, et ceux qui souffraient la nausée à cause de la mer, tout le monde se bagarrait avec tout le monde. C’ était vraiment une GUERRE ! ! !

Les journaux en bavèrent plusieurs jours, mais personne ne savait comme intervenir, comment aider les animaux de l’arche de Noé.

On aurait dit que chaque espèce animale voulait “ la conquérir ” pour y rester toute seul, ou en compagnie des quelques-uns parmi les semblables et flanquer tous les dans la gueule du cyclone.

 

VOICI  LE  COMPTE-RENDU !

 

n Le porc : Et bien ? Voulez-vous cesser de grignoter nos glandes et nos noisettes ?  Avec cette queue ronde vous nous faites tourner la tête, et en plus de cela, vous êtes de fieffés pickpockets !

n Les écureuil : C’est pas à nous la faute si vous êtes lents, paresseux et tout le temps à ronfler !  Vous manquez la queue, voilà pourquoi vous jalousez notre joli plumeau ! Mais les glandes, père Noé les a données à tous : si vous ne vous débrouillez pas, nous les prenons !

n Les lèpres, en regardant les kangourous : Tiens, quels bonds extraordinaires ! Nous n’arriverions jamais à les battre, parbleu !  Si nous ne les arrêtons pas, ils vont envahir aussi notre terrain. Faisons les tomber !

n Les zèbres, en regardant les ânes : Mon Dieu, quels laids animaux !  Tu te rende compte ? ! Ils nous ressemblent tellement, mais quel couleur sombre, monotone ! Certainement qu’ils sont moins intelligents que nous !

n Les ânes, en regardant les zèbres : Tiens, quels étranges animaux, la nature s’amuse parfois : mais comment peut-on naître rubanés ? !

n La pieuvre, vers la phoque : Ca c’est MON domaine !  Si tu ne te déplace pas, je t’enfile un bras dans l’œil !

n La phoque à la pieuvre : Tiens, j’en tremble... Microbe, ferme-la !

n Un petit poisson, vers l’hippopotame : UFF, ces énormes accidents occupent tout le peu d’eau douce qu’on possède. Je voudrais que dans les rivières il y aient seulement des gentils, petits animaux !

n  L’hippopotame en regardant le poisson : Sacrebelu, ces petits riens qui ronronnent tout autour me chatouillent ! Un jour ou l’autre je les flaques  tous dans le bassin à l’eau salée, ainsi ils verront !

n Les singes : Il vous est interdit de grimper sur l’échafaudage de l’arche. C’est nous seulement qui pouvons le faire parce que nous sommes plus agiles, tandis que vous... aller tout casser !

n Le chamois : Il est à qui l’échafaudage? Et qui est le plus agile pour y grimper ? Gare à vous les amies : si vous me coupez le chemin il pourrait vous arriver un beau morceau de corne !

n Le serpent au pic:  Ecoute pic, avec tout le bois qu’il y a ici dedans, c’est tout juste à mes cotés que tu viens piquer ? !  Tu m’empêche le repos et la méditation. Va-t-en !

n Le pic au serpent : C’est pas vrai qu’il y a tellement de bois. L’arche est remplie de gens, je n’ai pas d’autre place.  Et, d’ailleurs, si tu veux le savoir, de ta méditation il ne m’importe belle lurette !

n L’araignée à l’oiseau : Mais si tu viens ici faire ton nid, j’irai où tisser ma toile ? Cherche toi un autre coin !

n L’oiseau à l’araignée : Dis don, toi, qu’est qu’il m’importe de ta toile ?Je pense a MA famille, pas à la TIENNE !

n L’aigle en regardant le poisson : Vraiment, qu’est qu’il y aura d’intéressant à rester toujours coincés dans l’humide ? Ils ignorent ce qu’ils perdent à ne pas voler !

n Le poisson, en regardant l’aigle : Mais comment se balader tout le temps à l’air ? Les oiseaux n’ont pas l’idées qu’il fait beau glisser dans l’eau.

A’ un certain moment, parmi toute cette pagaille, un animal se faufila au dehors. Un animal étrange, un peu silencieux, qui n’avait pas encore disputé avec personne et que personne avait remarqué.

Il était très particulier et sa marque la plus évidente c’était de demeurer presque toujours pendu la tête en bas.

Il ressemblait un peu au singe mais il n’était pas un. Il avait des griffes comme les chats et le museau sympa des ours.  C’était un BRADIPE !

Les bradipes, sont les êtres plus tranquilles au monde. Ils ne se hantent jamais, ils ne courent jamais, ils son plus lents que les escargots et les tortues. Ils ont l’air malin et il ne frappent jamais s’ils ne sont pas attaqués. Avant de parler ils réfléchissent beaucoup et leur lenteur et leur silence en fait des très grands sages.

Leur prouesse très particulière de rester tête en bas, leur donne une possibilité inconnue aux autres animaux : celle de voir les choses à l’envers !

Si par exemple un fourmilier dit à un bradipe “ Les choses sont ainsi ”   lui il répond   “ Fait pas gaffe. Pour moi elles vont de toute autre façon ”.

Et alors, lequel parmi les deux a raison ? Tous les deux ont raison, parce que chacun voit les choses à partir de ça position.

Ce n’est pas “ la chose ” qui est droite ou tordue, mais s’est la position des yeux que change la position des choses.

C’est pourquoi ça peut être utile que bavarder avec un bradipe. On voit les choses d’une façon différente et ainsi on arrive à mieux les voir.

Le bradipe de l’arche s’appelait Arthur.

Puisque c’était un type tout à fait pacifique, il était fatigué d’écouter tout ce vacarme, toute cette pagaille. Et donc un jour il étala une mine inattendue !

“ Mais alors, ça SUFFIT ! ! !  Qu’est que c’est tout ce bruit, tout ce se plaire, ce critiquer !  Mais est-ce que VOUS AUTRES vous ne savez rien d’autre que vous bagarrer, crier faire la guerre ? !  POURQUOI  ne prenez pas votre temps et ne vous  TAISEZ  pas ? ! ? ! ”.

Tous les animaux se terrants ébahis et  stupéfaits.  C’était la première fois que Arthur avait ouvert sa bouche et tout le monde se senti frappé et offensé (d’autant plus qu’ils savaient qu’il avait raison. Leur conduite était stupide, mais naturellement personne voulait l’admettre).

La révolte donc éclata.  Tout le monde commença à gueuler plus fort, et tous s’écrièrent contre le bradipe.

n Le chien : Qu’est que tu jases de CALME, avec ces chats qui tournent tout autour de moi et ne cessent pas  de ronronner ? !

n Le papillon : Bien sur que nous DEVONS faire la guerre. Elle est INEVITABLE !  Les abeilles nous volent tous les fleurs que père Noé nous a données.  Faute de les ELIMINER, nous risquons de rester le ventre vide ! ! !

n Le lézard : Moi, je suis trop petite.  Si les plus grands en profitent, ils m’obscurent, tandis que j’ai besoin de soleil.  Dans cette arche... il est IMPOSSIBLE VIVRE EN PAIX ! IL FAUT QUE QUELQUES UNS S’EN AILLENT !

Aux paroles du lézard, tous s’écrièrent excités :

“ OUI, C’EST VRAI : IL N’Y A PAS DE PLACE POUR TOUS !  IL FAUT QUE QUELQUES UNS S’EN AILLENT ! ”

“ Va t’en toi qui me gêne et d’ailleurs tu pues ! ”

“ Allez vous en, vous tous qui me ôtez l’espace pour bouger ”

“ Tu arrache toute ma nourriture ”  “ Et toi, tu occupe tout mon terroir ! ”

Bref, il en sortit  une pagaille épouvantable. Quelque un frappa son voisin du pied et du poing, dans l’espoir de l’éliminer. Les animaux les plus petits se réfugièrent dans un coin pour éviter d’être écrases, mais  là ils commencèrent à se bagarrer entre eux : les fourmis, les petits vers, les cafards, les araignées,...

Le sage Arthur, sans broncher, garda sa calme. Il se plaça des bouchons dans les oreilles et une bande sur les yeux et s’en fout roupiller dans son coin préféré.

“ Laissons-les faire - pensa-t-il  -  Quand ils n’auront plus de vois et ils seront tous ébranlés par les coups qu’ils se changent , ils devrons forcement se calmer ! ”

Ceci arriva après bien des jours et des nuits, alors que l’orage continua de faire rage et les vagues dépassaient l’arche.

On aurait dit  que tout, au dehors et dans  l’arche, était  furieux et que rien, ni l’océan ni les vents, réussit à garder la paix !

Et finalement, le moment que Arthur rêvait, arriva !  Dans l’arche, maintenant, ni même les mouches arrivaient à bouger. Voire les gorilles étaient  étendus, et le silence d’or régnait.

Arthur, dès son monde des rêves, entenda quelque chose d’étrange et demeura bouche bée.  Il enleva la bande et les bouchons et contempla un spectacle étonnant : tous les animaux roupillaient les uns étendus sur les autres, et ronflaient puissamment.  Tous inermes, après les fatigues de la bataille.

“ FINALEMENT ! ” pensa Arthur.

Il les laissa dormir encore pas mal des jours, pendant lesquels il s’en fut libre en promenade le long de toute l’arche.

Enfin, quand il établit que tout le monde s’était reposé comme il fallait, les réveilla.

“ Et alors, les garçons : avez-vous décidé qui faut il descendre ?  C’est EVIDENT qu’il y a trop de monde ici.  Quelle est donc l’âme généreuse  qui a décidé de se sacrifier pour les autres ? ”

Naturellement le bradipe voulait  provoquer ses copains. Personne, évidement,  avait décidé de se plonger dans la tempête  pour faire du plaisir à un autre. En effet, il se fit un silence jamais entendu.

Arthur, alors,  continua à les piquer :  “ Dis donc, tellement de chaos et des batailles ... et pas encore d’accord ? ! ”

Ce fut alors qu’une petite fourmi rouge s’écria, en se flottant les yeux encore ensommeillés :  “ Parbleu ! Il n’y a personne qui veuille s’en aller. TOUT LE MONDE VEUT VIVRE ! ! ! ”

Dans le silence, on entendit le grognement de l’hippopotame:  “ C’est vrai : nous tous voulons vivre. Personne peut être jeté au dehors de l’arche. Ca serait trop cruel ”.

n La baleine :  “ Il est vrai. Ca serait trop cruel.  Même pas moi je voudrais me trouver au milieu de l’océan pendant l’ouragan. Mais comment nous avons pu penser une chose pareille ? ! ”

n Bradipe: Mais alors, qu'est ce que vous avez  décide? Rien de nouveau?

n Le rhinocéros : Pas encore, mais il faut absolument trouver la solution. Celle de nous éliminer c'est pas une. Il faut donc presser les cerveaux pour en trouver une autre!

n La vache : Moi j'en ne ai pas une, mais il est clair que nous devons au moins cesser de crier, autrement on se casse la tête. Moi, déjà je n'arrive plus à faire mon lait. Pour vivre en paix, du moins essayons de faire moins de bruit!

           

n Le lapin : Cessons dons de rouspéter. C'est très fatiguant. Ca nous mets dans nos états et nous rend insupportable le voyage. Ah, si l'on pouvait aller d'accord!

n La gazelle : Mais comment?! Ce n'est pas facile! Ici, chacun veut des choses différentes. Si deux veulent la même chose, le même espace, ou la même nourriture, alors.. que Dieux nous sauve! Voici de nouveau la guerre pour s'en emparer!

n Le chameau : Bien sur ce n'est pas facile. Par exemple, moi dans ce moment j'aimerais bien me coucher, mais voici ce cobaye qui se faufile entre mess pattes. Quoi faire?  Je pourrai le botter et le catapulter ailleurs... Ou bien patienter un petit moment qu'il s'en aille.  Bien sur qu'il est fatiguant, car je voudrais me coucher tout de suite, non quand ça plaît à lui et à ses promenades! Mais si tout le monde raisonne à coups de botte... nous voici encore revenu au début.

Le silence revint et dura tout un mois. Tout le monde était plongé  dans la réflexion...

et aussi un peu dans le désarroi car ils ne savaient pas quoi faire pour résoudre  la situation.

Le bradipe, bien sur, lui en avait une. Lui, le vieux sage, habitué depuis longtemps à contempler les choses à partir de différents points de vue, il savait... Mais il ne voulais pas parler. Arthur  voyait que les animaux étaient encore en colère et têtus. Chacun était convaincu seulement des ses propres raisons.

C'est pourquoi, même s'il avait leur relevé la bonne situation, ils ne l'auraient pas compris où ils ne lui auraient pas prêté confiance. Il fallait attendre encore un peu et laisser qu'ils "réfléchissent" encore entre eux.

Et après tellement de méditation... quelqu'un eut l'idée géniale.

C’était l’hirondelle, qu'il y avait quelques jours avait disputé avec l’araignée et l'avait blessée avec sa réponse.

n J'ai trouvé! J'ai trouvé! s’écria-t-elle, excitée et frétillante. Il faut cesser de seulement à nos besoin, convaincu d'avoir toujours raison et  être les plus forts. Pourquoi ai-je répondu ainsi mal à la petite araignée  qui devait tisser sa toile? Moi je pouvait fabriquer mon nid un peu au delà.  Sa maison ne m'aurait pas gêné du tout.

Tous les animaux écoutèrent, les yeux écarquillés, la sagesse de Mme l'hirondelle. Après ce fut le tour du lion:

n Ah, que j'ai été bête! J'ai perdu tout mon temps à me faire du mauvais foie en disant à la panthère que mon toison est plus joli que le sien, que je suis puissant qu'elle, etc... Qu'est que ça donne? A quoi sert-il être plus puissant qu'un autre, ici dans l'arche?  D'ailleurs, nous tous somme égaux. Père Noé nous a donné ce qu'il nous faut. Puisque nous avons tous des parties égales, ça signifie que celui qui possède plus  qu'un autre il l'a volé, et donc soit celui en mourra, soit il faudra recommencer la guerre. Il nous faut donc être heureux de ce que nous avons, sans être en compétition les uns les autres.

Petit à petit, tout le monde commença à réfléchir le pourquoi on était bagarré avec cet animal ci ou avec un autre ... et on se rend compte d’avoir été très idiotes!

Surtout on s'aperçut que chacun avait SES RAISONS à lui (ce que le bradipe connaissait très bien) et que donc il fallait chercher de les comprendre et trouver une solution pacifique.

L'aigle pensa que si le poisson se plaisait dans l'eau, il y avait certainement quelque chose de beau, autrement il en serait sorti.

De même, le poisson pensa à propos de l'air.

La truite essaya de passer plus loin de l'hippopotame pour ne pas le gêner, mais l'hippopotame songea que tous comptes faits, la truite ne le gênait pas, au contraire: elle l’aidait à se chatouiller.

Le pic stipula un contrat avec le python, comme quoi quand l'un méditait, l'autre n'aurait pas piqueté, et vice versa.

La baleine annonça qu'elle n'aurait plus détruit les rameaux des coraux, et que dans le cas elle les aurait aidés à les reconstruire.

Ainsi de suite. A la fin, le monde s'accorda sur quelque chose.

Naturellement, pas tout roulait sur des billes, et toujours il y avait quelqu’un qui montait en colère.  Mais dans ce cas, on lui rappelait ce qu'on avait nommé:  

LES REGLES FONDAMENTALES POUR

UNE PACIFIQUE COHABITATION  DANS L'ARCHE

  • Personne ne doit  crier, sauf en cas d'urgence

  • Personne ne doit penser que l'autre est stupide. S'il fait une chose, il y a une raison

  • Il faut s'efforcer de comprendre les nécessites des tout le monde et trouver un accord.

Après quelques temps, la petite fourmi rouge refit surface pour s’écrier:

n Eh bien, le bradipe! Tu savais bien comment tout serait passé. Tout n'as jamais rouspété avec quiconque, tu ne monte jamais en colère, tu es toujours tranquille. On dirait  que c'est tellement facile! Sacrebleu, pourquoi tu ne nous l'apprends pas?

n Le bradipe: Mlle la fourmi, tu as bien raison. Je ne me bagarre jamais parce que depuis toujours je suis habitué à contempler les choses à partir de bien de points de vue. Je suis toujours la tette en bas, et donc je pense de voir les choses comme il faut. Mais après arrivent d'autres animaux et me disent de les voir de toute autre façon. alors je dois essayer de tourner ma tette pour comprendre ce qu'ils disent, ainsi je comprends que finalement nous tous avons raison, eux et moi. C'est la nature, ma petite fourmi, qui nous a façonnés de cette manière. Tous différents. Penses-y: Toi, tu es toute petite, un brin de rien, moi je suis assez costaud. Tu as six pattes, la poule en a deux, la baleine aucune, moi j'ai deux bras et deux jambe. Moi et le singe nous sommes semblables, tous les deux vivons sur les arbres, mais lui est rapide, moi je suis très lent (tu sais, j'aime tellement roupiller...).  Lui est debout, moi je garde ma tête en bas. Brefs: parfois nous nous ressemblons, tantôt nous sommes très différents, mais nous tous sommes dans l'arche de père Noé. Et donc: y a-t-il quelqu'un qui a "plus raisons qu'un autre?"  Mais non, tous ont la même raison, et donc rouspéter et brailler signifie seulement se mettre dans ses état pour rien. Moi donc, qui vois toujours le monde à l’envers et suis très lent, j'ai appris à être d'accord  avec tout le monde. Vous aussi vous êtes entrain d'apprendre, mais il vous reste un bon bout de route à franchir.

n Qu'est-ce que tu veux dire? (Demanda la fourmi)

n Le bradipe: Je veux dire que maintenant vous êtes entrain d'apprendre à vous SUPPORTER. A ne pas broncher. C'est déjà quelque chose, mais vous ignorez encore comment il est beau  que être tous différents, avoir des points de vu et des intérêts différents. Moi je l'ai appris, petit à petit, bien entendu, et je vous assure que ça m'amuse un monde.

n Rhinocéros: Tu ne pourrais pas nous mieux l'expliquer?

n Le bradipe : Bien sur M. le rhinocéros. Depuis ma naissance je vis ensemble avec des très petits animaux, les algues. Imagine toi: moi et les algues, nous n'avions rien en commun, et cependant le fait de vivre ensemble nous a été utile. Elles s’abritent dans m fourrure où elles trouvent la chaleur et la protection. De cette façon, elles changent la couleur de ma fourrure et je peux me mimetiser parmi les arbres.

n Le petit ver : Est-ce ça ce qu’on appelle SYMBIOSE?

n Le bradipe : Exacte!

n Le chameau : Dis donc Arthur, est-ce que nous aussi nous pouvons apprendre  à vivre ainsi? De Façon à ne pas nous gêner, mais voir à  nous être utiles les uns les autres?

n Bradipe : Je ne le sais pas. Ce n'est pas facile. Mais il est sur que vous pouvez toujours essayer. Par exemple, quand vous discutez avec quelqu'un ou si trouvez votre prochain très antipathique, bien essayer de penser ce qu'il est entrain de penser.  Essayer de penser LE CONTRAIRE de ce que vous êtes habitués à penser. C'est ainsi que je dois faire toujours.  Et alors vous verrez que le type n' est pas tellement ANTIPATIQUE. comme ça semblait, et qu’ au contraire vous pourriez même vous amuser ensemble.

 

A ce moment le silence redescendit sur  l' arche et il y reigna pendant plusieurs jours.

Père Noé était toujours accroché au gouvernail pour faire face à ses vagues affreuses qui parfois semblaient s' endormir, et tout de suite recommençaient plus menaçantes que jamais .Tout le monde avait écouté le sermon du bradipe et restait tranquille dans son propre coin à réfléchir.

Arthur, comme toujours souriant et pacifique, avait recommencé à roupiller.

Dans ce silence, dans lequel chacun semblait  s’interroger avec angoisse (“ Comment faire ? On dirait que c’est facile, mais ça n’est pas vrai ! ”) petit à petit s’instaurait une atmosphère  de confiance. Personne ne songeait plus à se bagarrer, et tout le monde voulait expérimenter ce que le sage Arthur avait suggéré.

Chacun regardait son voisin en cherchant de comprendre ce qui lui passe dans la tête, pourquoi faisait  il une chose tandis qu’une autre.

Alors le pulpe s' aperçut que les coraux étaient des véritables artistes pour bâtir leurs colonies: lui n‘ aurait jamais réussi. Le fourmilier songea que le ver à soie était formidable, et lui demanda d'expliquer comment arrivait il à construire ces cocons féeriques , et écouta avec attention.

La gazelle rêva qu'elle aurait bien aimé être transportée sur le trompe de l’éléphant et essayer une fois l’aventure de se laisser gondoler. Ainsi, elle pris son courage à deux mains, le lui demanda et , surprise !,  lui ... il accepta.

A ce moment tout le monde se rendit compte que le bradipe avait raison : si tous ensemble avaient essayé, ils auraient trouvé le moyen de s'amuser follement.

Ainsi la fourmi fut transportée par l'abeille, le singe se chargea du pingouin et le fut danser partout  et le pingouin  le transporta dans l 'eau et le guérit de l’angoisse de se noyer .

La chèvre fut portée en haute par  l'aigle et songea que contempler le monde d'en haut c' était  étonnant.  Le poisson-balle commença à s’amuser avec un chat, ainsi au lieu de nager se roua parmi ses pattes, et à la fin les deux plongèrent dans l' eau salée, avec les mikeke, les ndagala et les autre poissons.

Même le requin trouva la façon d’être utile aux autres, parce que avec ses dents raclales les autres animaux.

Bref, maintenant dans l'arche on avait commencé à causer, et cela avait porté tellement de bonheur et de jeux qui  continua pendant des mois, voir des années.

Tous les animaux s’échangeaient  services et amusements, réjouis par la musique des baleines, des rossignols, des chats, et des autres animaux chanteurs. Ceux qui ne savaient pas chanter comme le crocodiles, les chiens, les crapauds, trouvèrent de quoi s'améliorer. Enfin ils se tranquillisèrent  en peut . Ils s’étaient tellement amusés,  et maintenant ils étaient tous des amis. Ils avaient appris à se connaître , ils avaient découvert que vraiment parmi eux ils n'y avait  personne désagréable.

Ils pensèrent même qu' AUCUN parmi eux aurait du quitter l' arche faut de place car TOUS étaient extrêmement PRECIEUX. C’est pourquoi ils avaient renoncé à ne plus entrer en compétition les uns avec les autres. Ils avaient appris à se partager avec justice les réserves que père Noé leur avait confiées pour arriver au terme du voyage, TOUS ENSEMBLE. 

Et ainsi arriva. Après bien des années de navigation, quand finalement la mer s'apaisa, l'arche s'approcha du port.

Les animaux descendirent tous contents, les uns main dans la main, les autres noués entre eux, riant comme des fous parce que ils s’étaient bien amusés et ils avaient  été très bien tous ensemble.

Tous les journalistes les fixèrent avec une moue douteuse, car renseignements étaient bien arriérés. Les journaux en effet parlaient toujours des bagarres, ils ne disaient jamais de la pacification.

C’est pourquoi tous les animaux s' écrièrent:

“ Quoi donc !? Pourquoi nous regardez-vous ainsi? Pensiez vous, peut être, qu’ on aurait continué à nous bagarrer toujours? Nous avons appris a marcher dans l'entente. Et maintenant essayez  vous, vous qui avez demeurés ici sur terre à attendre, au lieu de traverser le déluge ! ”.

Père Noé fatigué, épuisé même par tous les ans qu'il avait du veiller pour lutter contre la tempête, descendu finalement de l'Arche. Il jetta un coup d'oeil tout autour pour voir si tout le monde était descendu, et dans un coin obscure il vit un petit animal plongé dans le sommeil. C’était Arthur, le bradipe, qui se réveilla chatouillé par les doigts de Noé et s’étirant  chuchota: "Et bien?  Où sommes nous? qu'est ce qu'il est arrivé? Où est tout le monde? "

"Du calme - répondu Noé - nous voici arrivé. Il est grand temps de descendre". 

Arthur bailla encore une fois, il se poussa les yeux, et finalement en balançant son cul bien rond et paresseux il parti lentement, mais oui très très lentement, vers la merveilleuse foret.

 

POSTFACE

Ce récit veut être, évidement, une parodie du genre humain, de ses extravagances, de ses outrecuidances, en particulier de sa situation sur la planète terre, qui semble toujours annoncer une inévitable explosion.

Le mythe de l'arche de Noé, qu'ici représent la terre entière, est "démythisé" dans le sens qu'il montre les espèces animales, rien du tout "heureux et en bonne entente", ainsi que la tradition nous dit au contraire après une longue cohabitation dans un milieu ainsi restrait, ils n'arrivent plus à se supporter et le conflit éclate, avec tous les caractéristiques des conflits parmi les humains.

L’élaboration de ce conflit correspond à un processus graduel de AUTOCONSCIENCE DEMOCRATIQUE, dans le quel tous les espèces  petit à petit s' engagent et apprennent un modèle de cohabitation pacifique.

Dans ce conflit, on trouve les plus différends éléments qui opposent pays et cultures ici sur terre.  Avant tout la sensation d’être trop à l' étroite, de manquer suffisamment de territoire, de façon que l'autre qui l'occupe avec droit devient l'ennemi A ELIMINER, peut importe comme il finisse.

Il y a l 'élément de la CONQUETE de l'arche / terre par celui qui est plus puissant à désavantage des autres. Les ressources appartiennent à celui qui le premier s' en empare. D'où l'exigence de barrer l'autre par n'importe quel moyen.

Il y a aussi copies d'éléments xénophobes: “ ta diversité me gène ,donc je t’élimine ”, “ un type avec une gueule pareille sûrement est aussi stupide..... ”, “ mais pourquoi ces gens là ne se comportent pas comme moi, qui suis le meilleur ? ” ....etc

Il y a la totale incompréhension de l'autre , avec ses exigences et de ses caractéristiques qui pourraient nous être utiles.

La situation est donc sur le bord de l'explosion ; la non supportation réciproque généralisée: tout le monde hait tout le monde, ou presque. On arrive à considérer inévitable la GEURRE.  Quelqu’un doit s'en aller  car IL N’YA PAS d'autres solutions. Débute ici la prise de conscience . Il n’y a pas de solution mais il FAUT  la trouver.

Au moment où chacun est contre tout le monde, on est tous égaux. Il n’y a même pas des alliances qui pourraient favoriser quelques uns contre les autres.

Et alors les différentes espèces découvrent que chacune parmi elles a le droit a vivre, qu’aucune a plus de force et de pouvoir qu’une autre, et surtout que chacune a exactement le nécessaire pour vivre, sans devoir trimer pour le conquérir par la violence.

On arrive enfin à la dimension des CONTRATS, qui peuvent nous faire penser au traités internationaux entre les Pays, celui de Lomé p.e., aux accords de OUA, de l’ONU sur les droit de l’homme, etc...

On établit les règles pour une COHABITATION PACIFIQUE DANS L’ARCHE, qu’on peut résumer en trois points: éviter les bruits (on pourrait dire: les rumeurs, les racontars, ... qui n' aident pas à vivre en paix) ;  partir du principe qui dit que l'autre n’est pas stupide, et donc il mérite d’être écouté ; essayer de comprendre les exigences de l’autre espèce, en se plaçant de son point de vue, pour établir le contrat social.

Tout cela évidemment n’assure pas le bonheur à bon marché. La cohabitation démocratique, le respect du contrat, est un PROCESSUS CONTINU, un autoconscience  problématique et sans fin.

On s'aperçoit après que le fait de "ne pas se bagarrer" ne coïncide pas avec le bien être. Ceci est un passage successif, qui exige le dépassement du stade de la supportation de l’autre en tant que ineliminable, pour aboutir à la compréhension de sa beauté, de sa NECESSITE, de sa présence pour la vie des autres espèces. Et donc la nécessité que TOUTES LES ESPECES VIVENT. 

Paraphrasant M. L. KING nous pourrions dire que la parodie de l’arche amène à cette conclusion: " Soit nous arriverons tous au bout, soit nous n’y arriverons pas !".                              

Le parcours, pas encore facile, et d'où les hommes semblent encore loins, dans le récit est suggéré par le personnage du bradipe, un type vraiment à rebours vis à vis des prétentions de notre monde actuel.  La sagesse lui arrive de sa capacité de contempler les choses a l'envers ,et donc de se placer dans des plusieurs points de vue différents du sien. Son savoir faire et sa tranquillité sont, au contraire, le fruit de son amour pour le sommeil, et de sa lenteur.  Le bradipe ignore ce qui signifie trimer. Lui roupille de la plus belle, et cependant il ne manque de rien. Lui, le vieux sage, dans le récit  encarne le rôle de l’éducateur socratique qui ne donne pas la vérité, mais qui la provoque, la fait jaillir à l'insu de ses interlocuteurs. Il respecte leurs temps de maturation, n'essaye pas de les accélérer, en sachant que ça serait du temps perdu . Il observe, bonasse et ironique, les difficultés de ses compagnons de voyage et attends, sans hâte ni crainte .

Il n'octroie pas des solutions préparées: chacun doit les acquérir avec effort. Mais c'est grâce à ses impulsions que le parcours est poursuivi.  Et cependant il ne joue pas le rôle d’une star ; il distribues sa sagesse, mais il n’attends pas des applaudissements, voir il oublie tout.   Il sème, afin que le bourgeons aie une vie à lui.    Il ne sème pas pour récolter .             

 

© Silvia Montevecchi